Pour ceux qui n'auraient pas compris que Tomb Raider Underworld clôturait une trilogie comprenant aussi Tomb Raider Anniversary et Tomb Raider Legend, alors cet article est pour vous !
En effet, comment ne pas s'embrouiller dans toute cette aventure rocambolesque incluant la reine des Atlantes, l'épée du roi Arthur et Avalon... le tout se déroulant sur une dizaine d'années, si l'on n'a pas joué à ces 3 jeux ? Toutes les réponses sont ici.

Comme dans le premier Tomb Raider, les intérêts de Natla semblent converger avec ceux de Lara, mais cachent en fait un plus vaste dessein. Obnubilée par l'idée de découvrir ce que sa mère est devenue, Lara ne prend pas conscience du danger que représente l'atlante. Évidemment, elle n'a, depuis le départ, aucune confiance en Natla - « Si... non, quand vous dépasserez les bornes, je vous tuerai » lui dit-elle avant de la libérer mais elle choisit, au moins inconsciemment, de ne faire aucun cas des véritables intentions de son ennemie.

Dès l'instant où elle réalise que seule Lara peut se servir du gantelet de Thor, Natla cesse de mettre sa vie en péril (du moins jusqu'à ce que la porte de Helheim soit ouverte), et va parfois jusqu'à la protéger. Ainsi de ce point de vue, Lara partage le sort de Natla : elle est elle aussi une simple marionnette, un pion dont se sert Natla pour arriver à ses fins.

Natla compte activer le serpent de Midgard, un mécanisme ancestral dont la fonction consiste à éradiquer toute forme de vie de la surface de la planète. La fresque que Lara découvre au Mexique est à ce sujet révélatrice : « l’avènement de Ragnarök. Jörmungandr se débat sous les flots, inondant la terre et crachant un poison mortel dans l'air ». Jörmundgandr, « le serpent qui repose au fond de l'océan, encerclant la terre entière », est une représentation allégorique des failles tectoniques qui courent au fond des océans. Le « poison mortel » désigne vraisemblablement les gaz et poussières qui s'échappent dans l'atmosphère suite à une activité volcanique intense, condamnant à terme les espèces vivantes.

La légende de Ragnarök raconte comment la mort de Thor et d'autres dieux précéda un déluge auquel ne survécurent qu'un homme et qu'une femme. Ces derniers repeuplèrent ensuite la planète sous les auspices des quelques divinités restantes. On peut supposer que Natla voyait dans le serpent de Midgard le moyen de ne sauver que quelques rares individus à sa botte, pour à terme créer une nouvelle civilisation entièrement à son image et sur laquelle elle régnerait en despote – après tout, qu'est-ce que quelques générations d'attente pour une déesse immortelle ? Dans tous les cas, il est difficile de savoir plus précisément ce que signifiait ce « Septième âge » dont Natla voulait sonner l'avènement.

La réputation de Richard Croft fut ternie lorsqu'il se voua corps et âme à la recherche d'Avalon ; même sa fille le prenait pour un vieil excentrique quand il évoquait ses théories sur la disparition de sa mère. Pourtant Lara révisa vite son jugement et reprit le flambeau après sa découverte d'Excalibur et des portails dans Tomb Raider : Legend. Mais tandis que Richard Croft renonça apparemment à son entreprise quand il comprit les véritables intentions de Natla, Lara s'obstina au point de conduire l'atlante jusqu'au serpent de Midgard – une erreur de jugement qui aurait pu être fatale à l'humanité toute entière sans l'intervention in extremis d'Amanda. Ainsi, même si Lara et Natla ont des objectifs bien différents, il apparaît clairement que toutes deux partagent une même détermination sans faille, voire un certain acharnement.

Du reste, le cas d'Amanda n'est pas sans point commun avec ses deux rivales. La haine viscérale qu'elle éprouve envers Lara (sans doute exacerbée par l'emprise malsaine que semble exercer la pierre spectrale sur son esprit) trouve sa source dans deux sentiments : le désir de se venger d'une part, mais aussi l'intime conviction que le monde cache un secret inestimable que Lara tente de percer avant elle. Amanda est en effet persuadée que les rites et cérémonies de toutes les religions portent en eux les traces d'un ancien système de croyance, d'une « connaissance suprême ». Elle considère Avalon comme la clé qui lui permettra d'élucider ce mystère, mais se heurte constamment à Lara.

A côté de Natla et de la démence de son projet, Amanda paraît néanmoins presque sympathique. Peut-être renonce-t-elle même implicitement à son rôle de « méchante » quand elle saisit la main de Lara pour l'entrainer avec elle dans le portail. Par ce geste, qui fait écho aux souvenirs de leur amitié passée, elle redevient, au moins pendant un court instant, la personne qu'elle était avant d'être consumée par la haine. Quant à Lara, elle ressort pour sa part profondément marquée de cette aventure. Les évènements qui se sont déroulés semblent l'avoir durcie, assombrie même ; dans la scène finale, elle se retrouve d'ailleurs plus seule que jamais. Son besoin de connaître la vérité sur le sort de sa mère justifiait-il a posteriori les terribles risques qu'elle a pris, et surtout fait courir au monde entier ? Elle seule peut en juger. Dans tous les cas, sa quête lui a apporté toutes les réponses qu'elle cherchait – mais paradoxalement aucun réconfort.